Sites hydrauliques de la vallée de l'Aisne

Invité

Bonsoir à toutes & à tous Smile

Pour ce soir, j'attaque la retranscrition des travaux de Jean-Pierre MARBY consacrés aux Sites hydrauliques de la vallée de l'Aisne dans son cours ardennais :

Afin de compléter les études régionales de sites, nous proposons un ensemble géographique se composant d'une rivière et de ses affluents, cours d'eau situés au sud du département des Ardennes. Cette rivière, l'Aisne, moins connue et moins célébrée que la Meuse, peut et doit servir d'élément de comparaison ou de contrepoint à l'intérieur d'un même département.

Pour tenter de pointer et de cartographier les différents sites industriels hydrauliques, nous avons utilisé principalement deux ouvrages imprimés, rédigés par des ingénieurs des Mines, Meugy et Nivoit, et publiés au début de la IIIe République : le premier en 1873 sous le titre de Statistique agronomique de l'arrondissement de Vouziers ; le second en 1878 avec comme titre, Explication de la carte géologique et agronomique de l'arrondissement de Rethel. Malgré leur titre, ces deux ouvrages répertorient les sites hydrauliques et mentionnent leur importance dans le découpage administratif des arrondissements du sud ardennais. Pour mieux appréhender certaines implantations, nous avons eu recours à la sous-série F14 des Archives nationales (moulins et usines hydrauliques sur les cours d'eau non navigables ni flottables, classement par cours d'eau ; le microfilm existe aux Archives départementales des Ardennes), à la sous-série 3 S 5 des Archives départementales (usines sur le canal des Ardennes), les dossiers de la Direction départementale de l'équipement et la navigation établis par sites industriels, le pré-inventaire manuscrit du fonds d'entreprise Hardy-Lebègue (1809-1953), société anonyme, spécialisée dans la meunerie et le commerce de grains et de farines. La communicabilité des documents supposent des délais et autorisations à cause de la présence d'actes notariés.

Tous ces documents écrits et figurés permettent de mieux cerner ces établissements et d'envisager leur importance et leur typologie. Où sont- ils situés ?, qu'y fabrique-t-on ?, quelle est l'importance de ces sites ?
Dans un premier temps, nous envisagerons la longue durée en observant la situation de la vallée de l'Aisne sous l'Ancien Régime ; dans un deuxième temps, nous regarderons l'importance et la diversité des entreprises au début de la IIIe République ; enfin, dans un troisième temps, nous parcourrons quelques sites à travers des documents d'archives.

LES PRINCIPAUX SITES HYDRAULIQUES DE LA VALLÉE DE L'AISNE AUX XVII-XVIIIe SIÈCLES

Pour mémoire, rappelons que la rivière dont il est question prend sa source dans le département de la Meuse à Sommaine, traverse le département des Ardennes, puis celui de l'Aisne pour se jeter dans l'Oise, à Compiègne. Longue d'environ 250 kilomètres, l'Aisne développe un cours particulièrement sinueux et anastomosé ; elle arrose environ 140 kilomètres du sud ardennais. Dans le département, ses affluents sont nombreux, parmi les principaux figurent l'Aire (30 km de traversée ardennaise), alimentée par seize affluents principaux dont l'Agron, l'Aidin, affluent de l'Indre, la Fournelle, le ruisseau de Saint-Lambert, la Vaux et son affluent principal le Plumion, le ruisseau des Barres, la Retourne et la Suippe au nord du département de la Marne, rivière qui reçoit l'Arne.

Au XVIIe siècle

Deux reconnaissances de la rivière, dressées des militaires, décrivent le cours d'eau et les abords en 1634 et en 1664. Elles devaient permettre de faciliter le flottage du bois de charpente et de chauffe. Exceptée l'Aire qui n'est pas mentionnée, quinze moulins rompent le cours principal de l'Aisne dans la traversée de l'actuel département des Ardennes : Autry, Senuc, Mouron, Falaise, Vouziers, Voncq, Attigny, Givry, Maclin entre Seuil et Thugny, Rethel, Nanteuil, Château-Porcien, Balham, Asfeld, Avaux. Certains de ces sites sont très anciens : les moulins de Rethel sont cités dans une confirmation de biens en 1097 ; ceux de Grandpré, en 1190.

Sites hydrauliques de la vallée de l'Aisne Eau_in10

Dans le premier tiers du XVIIIe siècle

Le procès-verbal de visite de l'Aisne et de l'Aire, daté de 1717, indique bien peu de changement au cours du premier tiers du XVIIIe siècle : seuls les moulins à eau de Givry et de Nanteuil ont disparu. Une reconnaissance militaire des années 1730
propose la fortification de cinq moulins : Falaise, Maclin, Balham, Châtean-Porcien et Avaux.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle

Les cartes dites de Cassini fournissent une vue d'ensemble. Les moulins à eau sont représentés avec une grande fréquence : ils passent à une vingtaine d'établissements. Tantôt construits sur le cours principal de la rivière, et plus souvent sur les affluents directs, à proximité immédiate des zones de confluence, 19 implantations peuvent être retenues, de Senuc à Avaux. Les affluents, comme la Retourne ou la Vaux, font tourner de nombreuses roues : une quinzaine pour la Retourne, de Mont-Saint-Rémy à la Bonne Volonté près de Neufchâtel-sur-Aisne, une dizaine pour la Vaux, de Signy-l'Abbaye à sa confluence entre Barby et Château-Porcien. Ce sont ces sites hydrauliques anciens qui vont permettre le développement industriel de cette vallée de l'Aisne au cours du XIXe siècle.

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Amitiés champenoises,

Sylvain study