Sylvain Invité
| Sujet: Les transports en commun à Paris, autrefois et en 1920 Lun 28 Avr - 20:02 | |
| ... c'est évidemment "aujourd'hui" en... 1920, dans le Petit Journal Illustré du 25 avril: - I .Un omnibus il y cent ans. - 2 . Les boulevards avec les voitures publiques sous la Restauration. - 3 . Une "Dame Blanche" sous Louis-Philippe. - 4 . "L'enterrement" du dernier omnibus à chevaux en 1913 . - - 5 . Le métro, coupe de la station de l'Opéra. - 6 Un type disparu : l'omnibus . - 7 . L'autobus actuel . - 8 . Le tramway de pénétration. - 9 . Le tramway parisien. ... accompagné de cet article: Le prix des transports en commun à Paris
Autrefois et aujourd'hui Ces prix, comparés à ceux d'avant-guerre, sont aujourd'hui plus que doublés. Où est le bon temps de la correspondance alors que l'on pouvait prendre deux omnibus et traverser tout Paris pour six sous ?... Où est le temps où, pour la modique somme de trois sous, un tramway vous menait de son point de départ au bout de sa carrière ? Où est donc l'époque heureuse où, moyennant trois sous en second et cinq en première, nous allions dans le métro aussi loin qu'il nous plaisait ?... Les reverrons-nous jamais ces temps bénis où les voyages à travers la capitale étaient à la portée de toutes les bourses ? ... Nul n'ignore que la première idée d'un service de transports en commun à Paris revient à Baise Pascal, l'auteur des Provinciales. On lui en a quelquefois discuté la paternité, mais on a retrouvé un acte passé le 6 novembre 1661, par devant Me Gallois, notaire à Paris, entre Pascal et bailleurs de fonds de l'entreprise, et cet acte fait foi qu'il en était l'initiateur. Au mois de janvier 1662, les lettres patentes accordant le privilège des carrosses publics aux concessionnaires, étaient signées par le roi ; et, le 27 février suivant, le Parlement les enregistrait. Les initiatives d'intérêt public étaient en ce temps-là, réglées plus rapidement que de nos jours. Elles étaient aussi plus rapidement réalisées Le 18 mars, les "carrosses publiques (sic) établies dans la ville et faux bourgs de Paris pour les bourgeois et habitants d'icelle" étaient mis en service. Dans sa Muse historique, le gazetier Loret, en ces versiculets empreints de verve gouailleuse, a noté, à cette date, la création nouvelle. L'établissement des carrosses Tirés par des chevaux non rosses, Mais qui pourraient, à l'avenir, A commencé d'aujourd'hui même - Commodité sans doute extrême - Et que les bourgeois de Paris Considèrent le peu de prix Qu'on donne pour chaque voyage Prétendent bien mettre en usage.
Les carrosses étaient, en effet, d'un prix modeste : pour cinq sols on pouvait faire tout le parcours. Mais l'institution n'était pourtant rien moins que démocratique, car il était fait défense "à tous soldats, laquais, gens de livrée, manoeuvres et gens de bras d'y entrer, pour la plus grande commodité et liberté des bourgeois..." La première ligne allait de la place Royale (aujourd'hui place des Vosges) au Luxembourg par la rue Saint-Antoine, la rue Saint-Denis, le pont au Change, la place Dauphine, le pont-neuf, la rue Dauphine et la rue de tournon. Il n'y avait point d"arrêts fixes, et le carrosse devait aller tout droit son petit bonhomme de chemin "sans se détourner ni arrêter que pour recevoir ou descendre ceux qui voudront y entrer ou en sortir en quelque endroit que ce soit." Le contrôleur et la correspondance n'étaient pas encore inventés, et pourtant la voiture n'en allait pas plus vite, et les voyageurs lui reprochaient de faire une lieue en une heure. Cinq autres lignes furent créées successivement, dans la même année ; le succès s'affirma à tel point que le prix de la place fut augmenté d'un sol ; et puis la faveur, peu à peu, abandonna les carrosses. Ceux qui n'avaient pas de voitures particulières reprirent l'habitude d'aller à pied; et, après seize ans de bons et loyaux services, les carrosses à cinq sols disparurent comme ils étaient venus. Paris, pendant cent quarante ans, n'eut pas de service de voiture régulièrement organisé. Enfin, en janvier 1828, M.Debelleyme, préfet de police, rendit une ordonnance autorisant l'entreprise de transports en commun au-moyen d' "omnibus". L'inventeur de ces omnibus était un nommé Baudry qui, après avoir d'abord établi ses voitures à Nantes, les fit connaître et circuler à Paris. Le début n'en fut pas très heureux. Baudry se brûla la cervelle. Il avait trop désespéré, car son entreprise devait prospérer après lui. Telle est la malheureuse destinée de la plupart des inventeurs : ils ont semé, d'autre récoltent.
A vrai dire, Baudry avait eu un précurseur en la personne d'un certain Godot qui, en 1819, avait proposé d'établir un service de voitures publiques sur les boulevards et les quais. Mais l'Administration, tutélaire et prévoyante comme elle fut de tout temps, repoussa le projet parce que sa réalisation serait de nature à causer de graves embarras dans les rues . Les premiers omnibus qui sortirent dans Paris parcoururent la ligne ... Madeleine-Bastille, qui est encore aujourd'hui l'une des plus fréquentées. Les lignes qui furent créées ensuite allaient du boulevard Beaumarchais à la barrière de passy . bientôt, d'ailleurs, les parcours se multiplièrent en même temps que s'affirmait la vogue des omnibus et que naissaient les concurrences. Successivement, Paris vit se créer les Dames-blanches, ainsi dénommées à la suite du succès de l'opéra de Boïeldieu ; les Tricycles, qui n'avaient d'abord que trois roues, deux grandes au milieu et une petite en avant,et qui bientôt s'en octroyèrent une quatrième sans pour cela changer de nom ; les Favorites, les Orléanaises, les Diligentes, les Ecossaises, les Béarnaises, les Carolines, les Citadines, les Batignollaises , les Parisiennes les Hirondelles, les Joséphines. En 1840, trois cent quatre vingts voitures publiques sillonnaient Paris en tous les sens de huit heures du matin à minuit. Quelques-unes, celles des boulevards, notamment, faisaient merveilleusement leurs affaires. On évaluait à plus de cent mille le nombre des voyageur qui prenaient quotidiennement l'omnibus, et la recette atteignait une moyenne de 30.000 francs par jour. Est-ce en souvenir des carrosses à cinq sols ? Le prix de la place avait été fixé d'abord à vingt-cinq centimes ; mais le entrepreneurs ne tardèrent pas à prendre texte d'une hausse sur les fourrages pour l'élever à six sous. Et, depuis lors, les fourrages n'ont pas dû diminuer, car, jusqu'à l'apparition de l'autobus, il est resté fixé à ce chiffre immuable. Il n'y avait pas, en ce temps-là, d'impériales. La création des places à trois sous "en l'air". Comme disaient pittoresquement les conducteurs, date de 1853. Il fallait, pour y accéder, et s'y maintenir, avoir fait de véritables études de gymnastique et n'être pas sujet au vertige. Quand on avait à l'aide des étroits marchepieds que nous avons encore connus à certains petits omnibus, on arrivait sur une plate-forme sans garde-fous... Et alors, gare les cahots !... Quiconque avait un instant de distraction et oubliait de se cramponner à la banquette était précipité sur le pavé... - Et l'on ose soutenir - écrivait un caricaturiste du temps, au-dessous d'un dessin représentant des voyageurs sur l'impériale d'un omnibus - et l'on soutenir que l'homme ne descend pas du singe !... En 1855, la ville de Paris donnait le monopole des omnibus à une compagnie unique ; et, depuis lors, notre bonne ville a joui d'une organisation régulière de transports en commun. Mais, pendant plus de cinquante ans, les progrès furent rares et difficiles à obtenir. Enfin, en 1912 apparut l'autobus, et la traction mécanique se substitua définitivement à la traction animale dans les transports en commun. Un tarif raisonnable, basé logiquement sur le système des sections, rendait l'autobus relativement moins cher que l'omnibus d'autrefois. Hélas !... les Parisiens auront joui peu d'années de cet heureux régime. Ce tarif est maintenant plus que doublé. Et les transports en commun à Paris manquent aujourd'hui à la condition essentielle de telles entreprises qui est d'être à la portée de tout le monde. Car il en est de même pour le Métropolitain qui fit ses premiers débuts à Paris il y a tout juste vingt ans. En cette première année d'exploitation, le métro transporta 16 millions de voyageurs. L'an dernier, il en a transporté plus de 550 millions ; et sa recette globale a dépassé 85 millions. Mais il paraît que cela n'est pas suffisant. On a augmenté les billets d'un sou en 1919 ; on les augmente aujourd'hui de deux en seconde et quatre en première. C'est exactement le double des tarifs d'avant-guerre. Les besoins de la ville de Paris - qui prélève simplement un tiers des recettes du métro - nécessitent, dit-on, de telles augmentations. Or, les besoins de la ville s'accroissent d'année en année. En restera-t-on là ? Ou ne se décidera-t-on pas enfin à chercher des ressources nouvelles dans l'économie, plutôt que de les prendre sans cesse dans le porte-monnaie des Parisiens ? Ernest Laut. Sylvain
|
|